Dans la soirée du 16 décembre 1995, une pluie glaciale arrose Béziers. Claude Coste remarque devant chez lui, dans la rue désertée, ce SDF trempé qui déambule avec son chien : « Il devait chercher un abri pour passer la nuit. » Mais le SDF cherche au mauvais endroit, trop près des berges de l'Orb. Pendant la nuit, en quelques heures, l'orage se déchaîne et, le lendemain matin, Béziers se réveille avec les pieds dans l'eau. Bilan : un mort par noyade, un SDF qui « traînait » sur les bords de l'Orb...

Pour Claude Coste, qui coule alors une douce retraite consacrée essentiellement à la voile, sa passion de toujours, c'est le choc : « Je suis sûr que c'était lui. Qu'un homme puisse mourir dans de telles conditions, dans notre pays, à notre époque, est inacceptable. » A cette douloureuse prise de conscience s'ajoute le commentaire que lui livre un responsable des pompiers, de quart cette nuit-là : « Tout cela aurait pu être évité si le fleuve avait été entretenu. » Du coup, le retraité paisible lâche quelque peu ses gréements pour se consacrer à l'Orb, ses inondations et ses conséquences. Il crée l'ACI, Association contre les inondations, et à coups de pétitions et de lettres bien senties devient le caillou dans la chaussure des élus locaux. Il va jusqu'à poursuivre au tribunal administratif un préfet de région. Un lobbying qui fonctionne plutôt bien. En quelques années, l'ACI obtient entre autres un meilleur contrôle des lâchers du barrage d'Avène situé en amont de Béziers et la création d'importants et coûteux bassins de rétention destinés à protéger les zones les plus menacées. Mais il y a encore du travail : le nettoyage des berges, de Béziers à la mer, l'enlèvement d'obstacles inutiles comme le demi-barrage des Moulins neufs, la création de nouveaux bassins de rétention. Des actions promises par le sous-préfet et les élus locaux. Mais vite, si possible, car, en bon marin, Claude Coste sait bien qu'après le calme estival, c'est la tempête qui menace