1. Définitions
L'inondation est une submersion (rapide ou lente) d'une zone
pouvant être habitée ; elle correspond au débordement des eaux
lors d'une crue.
Le débit d'un cours d'eau en un point donné
est la quantité d'eau (m3) passant en ce point par
seconde ; il s'exprime en m3/s.
Une crue correspond à
l'augmentation du débit (m3/s) d'un cours d'eau,
dépassant plusieurs fois le débit moyen : elle se traduit par une
augmentation de la hauteur d'eau. 2. Statistiques
2.1. DANS LE MONDE
Les inondations
causent plus de 50% des catastrophes naturelles : en moyenne
20.000 morts/an.
La
mousson qui revient chaque année en Asie est la cause des
inondations les plus catastrophiques au niveau mondial.
L'air surchauffé de l'Himalaya monte et crée une dépression
qui attire l'air de la mer plus humide. En altitude la
vapeur d'eau se condense et crée les pluies de la mousson :
un mur noir de nuages, avançant à 50 km/h, apporte des
trombes d'eau allant jusqu'à 1000 mm/24
heures. | 2.2. EN
FRANCE
Pour 160 000 km de cours d'eau, une surface de
22 000 km2 est reconnue particulièrement inondable,
répartis sur 7 600 communes : 2 000 000 de riverains sont
concernés. (voir Fig. 1)
En
France, la crue la plus dommageable du 20e siècle
a été celle du Tarn à Montauban en 1930 : 200 morts, 10000
sinistrés, 3 000 maisons détruites, 11 grands ponts
emportés. Il y eut 17 mètres de montée des eaux en 24 heures
et des hauteurs de submersion de 7 mètres en
ville. | 3. La connaissance du risque
Nous savons que le risque est la confrontation d'un
aléa avec des enjeux.
3.1. L'ALÉA
3.1.1. Définitions
- Lit mineur
Un cours d'eau s'écoule
habituellement dans son lit mineur.
- Lit majeur
Espace occupé par un cours d'eau
lors d'une inondation. Il peut-être scindé en deux
zones : - une
zone d'écoulement, au voisinage du lit mineur,
où le courant a une forte vitesse ; - une zone de stockage des
eaux, où la vitesse est faible. ce stockage est
fondamental, car il permet le laminage de la crue,
c'est-à-dire la réduction de la montée des eaux à
l'aval.
3.1.2. Les types d'inondation
(1)
- Par débordement direct
Le cours d'eau sort
de son lit mineur pour occuper son lit majeur (voir
Fig. 2).
- Par débordement indirect
Les eaux remontent
(syphonage) par les nappes alluviales, les réseaux
d'assainissement, d'eaux pluviales (voir Fig. 3).
- Par stagnation d'eaux pluviales
Liée à une
capacité insuffisante d'infiltration, d'évacuation des
sols ou du réseau d'eaux pluviales lors de pluies
anormales (voir Fig. 4).
- Par ruissellement en secteur urbain
En
secteur urbain, des orages intenses (plusieurs centimètres
de pluie par heure) peuvent occasionner un très fort
ruissellement (peu d'infiltration à cause des aires
goudronnées), qui va saturer les capacités du réseau
d'évacuation des eaux pluviales et conduire à des
inondations aux points bas (Nîmes en
1988). |


 |
- Par crues torrentielles
Ce phénomène se
rencontre dans les zones montagneuses, mais aussi sur des
rivières alimentées par des pluies de grande intensité
(pluies cévenoles ayant provoqué notamment le débordement
de l'Ouvèze et l'inondation de Vaison-la-Romaine,
Bedarrides...).
- Par submersion de zones littorales (ou
lacustres)
Liée à la présence de facteurs anormaux
(fortes marées, marées de tempête, raz-de-marée).
- Par dépressions tropicales et cyclones avec des
précipitations pouvant atteindre jusqu'à 2 m/24 heures et
conduisant à des crues soudaines et violentes.
- Par destruction d'ouvrages (digues, barrages,
levées)
| (1) : suite aux inondations
catastrophiques de la région du sud-est en septembre 1992, une
nouvelle typologie est retenue : inondations de plaine, crues
torrentielles et inondations par ruissellement.
3.1.3. Paramètres d'une inondation
L'augmentation de débit d'un cours d'eau
entraîne celles de la vitesse d'écoulement d'eau et
de la hauteur du plan d'eau au point
considéré.
La courbe des débits en un point est
appelée hydrogramme (voir Fig. 5).
La
laisse d'inondation est la trace laissée par le
niveau des eaux les plus hautes : les dégradations sont
fonction de la durée, de la hauteur de submersion et de la
vitesse d'écoulement.
Grâce à l'analyse des crues
historiques (dates, secteurs concernés, débits,
laisses...), on procède à une classification des crues en
fonction de leur fréquence ; on met ainsi en évidence
le retour des crues de forte amplitude : la crue
centennale est une crue qui, chaque année, a une
probabilité sur cent de se produire (crue dont le débit
atteint le niveau A sur la Fig. 6) ; la crue
trentenale est une crue qui, a une probabilité sur trente de
se produire (les crues dont le débit atteint le niveau B sur
la Fig. 6).
|

|
Ces paramètres peuvent varier de façon importante en
fonction des caractéristiques géomorphologiques du site :
bassin versant, couvert végétal, qualité du sol (terre,
pavés, asphalte...). |
3.1.4. Les facteurs
aggravants Sur les bassins versants
(1) et dans les
zones de stockage : déboisement, modification des écoulements
agricoles, suppression des haies, imperméabilisation des sols
(routes, parkings...) : tout ce qui empêche le laminage de la crue
ou la pénétration des eaux dans le sol.
Dans les zones
d'écoulement : constructions, obstacles à la circulation des
eaux... : tout ce qui contrarie l'écoulement.
Il est rare
en France que des crues importantes soient provoquées uniquement
par la fonte des neiges, qui peut être, toutefois, un facteur
aggravant.
3.2. LES ENJEUX
Les dommages
causés par les inondations sont dus à la submersion, à l'érosion
et à l'agressivité des eaux chargées et polluées, ainsi qu'à leur
mise en pression.
3.2.1. Effets sur les
hommes Noyade, électrocution, personnes
blessées, isolées, déplacées.
3.2.2. Effets sur les
biens Destructions, détériorations et dommages
aux habitations, au bétail, aux cultures, aux ouvrages (ponts,
routes et rues, voies ferrées...), paralysie des services
publics...
3.2.3. Effets sur
l'environnement Endommagement, voire
destruction de la flore et de la faune, pollutions diverses
(poissons morts, déchets toxiques...), pouvant aller jusqu'au
déclenchement d'accidents technologiques.
Le coût
moyen annuel global des dommages causés par les inondations
en France se chiffe approximativement à 1,5 milliards de
flancs. | (1) le bassin versant constitue
l'aire géographique d'alimentation du cours d'eau
4. Prévention,
protection
La prévention des risques et la protection des
populations nécessitent que soient prises des mesures collectives
et des mesures individuelles.
4.1. LA SOCIETÉ FACE AU
RISQUE
4.1.1. Les parades -
Aménagement du cours d'eau (rectification, nettoyage et curage du
lit, zones de stockage...) - Barrages écrêteurs de crue -
Digues de protection ou levées (sur la Loire) - Actions sur les
méthodes agricoles de production (choix des cultures, sens et
profondeur des labours...), etc.
4.1.2. La prise en compte du risque dans
l'aménagement En raison des dommages causés
aux personnes, aux biens et à l'environnement, on voit l'intérêt
de ne pas construire d'équipements onéreux ou dangereux
(habitations, constructions, usines...) dans les zones
inondables.
L'État établit des plans de surfaces
submersibles (P.S.S) ou des plans d'exposition aux risques (P.E.R)
qui doivent être repris dans les plans d'occupation des sols
(P.O.S), établis par les municipalités ; les zones non
constructibles sont celles situées au dessous d'une cote
d'altitude correspondant à la crue de référence choisie.
4.1.3. La surveillance et
l'alerte 16.000 km de cours d'eau, sur les
22.000 inondables en plaine, sont surveillés par 53 services
d'annonces des crues (Equipement, Agriculture, Navigation) : ces
services disposent d'un réseau automatisé de collecte de données
et transmettent les informations au préfet (par téléphone, par
radio ou par satellite) qui décide d'alerter les maires de chaque
localité. Chaque maire alerte la population de sa commune et prend
les mesures de protection immédiates.
4.1.4. Les plans de
secours Au delà de l'action du maire, si
nécessaire, c'est le préfet, responsable des secours, qui met en
oeuvre le plan de secours spécialisé pour les inondations, le plan
ORSEC ou le plan rouge (destiné à porter secours à de nombreuses
victimes).
4.2. L'INDIVIDU FACE AU RISQUE
En
plus des consignes
générales, les consignes particulières sont les suivantes
:
AVANT
|
PENDANT
|
APRES
|
Prévoir les gestes essentiels: - meubles,
objets, matières, produits à mettre au sec ; - coupures
électricité, gaz ; - obturation des entrées d'eau :
portes, soupiraux, évents ; - amarrages (cuves…) ; -
véhicules à garer ; - faire une réserve d'eau potable et
d'aliments
Prévoir les moyens d'évacuation
|
S'informer par radio ou auprès de la mairie, de la
montée des eaux.
Dès l'alerte : couper le courant électrique
(actionner les commutateurs avec précaution) ; aller sur les
points hauts préalablement repérés (étages des maisons,
collines).
N'entreprendre une évacuation que si vous en
recevez l'ordre des autorités ou si vous êtes forcés par la
crue. |
Aérer les pièces.
Désinfecter à l'eau de javel.
Chauffer dès que possible.
Ne rétablir le courant électrique que si
l'installation est sèche. |
NE PAS S'ENGAGER
SUR UNE AIRE INONDEE (à pied ou en
voiture). |
Pour en
savoir plus sur les précautions à prendre avant, pendant et après
une inondation, consultez le document "Inondation
Guide pratique" |